Implosion.

  De tant de douleurs, de maux et de tristesse, mon coeur implose. Le monde recrâche ses vicères, tout ce qui vivait a été rompu puis livré aux Enfers. Et comment ne pas craindre sur ce monde l'arrivée des ténèbres... Puis moi, piteux crieur avec mon grelot, reléguant la fin des temps, protégeant mon coeur du choc des sentiments. Toutes ces émotions non partagées qui se confondent et se perdent dans un néant de braise, délivré par le mépris et la haine de Dieu, livré à la colère des fanatiques. Je m'évade toutefois de cet affreux cauchemar, le monde s'éteint mais je garde les yeux ouverts pour ma part, il ne reste plus rien, fumées, émanations, destructions, tout a été amené à devenir rien. Quelques étincelles quelquefois manifestent la possibilité d'une éclaircie sous ce rideau noir de ténèbres... Au pied de ce rideau, un torrent d'une étrange substance dont je ne distingue pas la couleur dans ce néant de lumière, soit, je me risque à goûter le mystère. Et j'y goûte, mon Dieu, du sang et rien que du sang, trop de sang pour qu'il n'appartienne qu'à une personne. Non ! Il appartient à des milliers et il peut moi aussi me contaminer, s'incruster dans mes veines pour mieux me soumettre à son désir de tuer. Ce sang est différent de celui qui coule dans mes veines, je serais orgueilleux de parler de noblesse dans le sang, toutefois, il y a dans le mien de la fluidité, un itinéraire tracé convenablement de telle sorte qu'il parcoure mon corps dans les règles de l'art, avec une harmonie digne de ce nom. Celui de la masse semble acide, avide également, de plus, il se noie dans un tout qui crée la mixture, affreuse et indigne mixture ! Qui n'inspire chez moi que la peur et le mépris, il n'est pas raisonnable de craindre l'impossible, en revanche, comment rester inerte tandis que la mort coule à mes pieds... C'est un monde étrange que l'on me livre, détruit et vide du moindre souffle, sans même la moindre ardeur pour m'apporter l'Amour. J'ai seulement peur, peur de me noyer dans ce chaudron mortel. Là-haut, sur la montagne, la dernière rose qui ne soit pas fânée, que le sang bourbeux n'ait pas touché, je la prend, de ses épines, je me pique le coeur, et peu à peu, je me perdrais dans le néant mortel. Mon sang coulera et arrosera ce jardin suppliciel pour le transformer en un champ de roses magnifiques, ainsi je livre ma vie pour que mille autres soient créées. Dieu me punira pour cela.

  L'Animal exsangue.

Comments

[pierre]

La passion t'emporte... c beau.