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Scandaleuses Contemplations
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Scandaleuses Contemplations
Scandaleuses Contemplations
  • Né à Boulogne-sur-Mer, d'origines slaves, Maxim se fascine pour la culture européenne, principalement celle d'Europe de l'Est. Éperdument romantique, enchaîné à ses convictions, ses lecteurs sont conviés à son rêve nostalgique et à partager sa sensibilité.
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13 juin 2012

Castor & Pollux.

Anonyme - Castor & Pollux

 

  Mon cher frère,

Si tu n'avais été qu'un mortel, je demeurerais aujourd'hui aux Enfers... Mais je partage ma vie entre ciel et terre, à l'extrême des cieux et des ténèbres. Je ne puis me sentir apaisé en voyant toutes ces horreurs et tant de bonheur, tant d'ardeur et tant de douceur. Les vents caressants se distinguent des flammes ardentes. Comment aussi, moi, médiocre mortel, face à toi, objet d'adoration, vénéré à moitié, puis-je supporter ta nature contre la mienne ? Tout semblait écrit d'avance, pourtant, contre ton orgueil, ta force divine, je t'ai vaincu. Père m'a donné sa force, et si tu as hérité de sa puissance, j'ai hérité de son courage et de son audace, celles que tu ne comprends même pas et que tu ne saurais maîtriser. Comblé d'offrandes, de fêtes et des turpitudes olympiennes, tu n'es pas moi, et je ne suis pas toi, puisque je ne désire pas l'être ni même le devenir. Je te jalouse quelque peu, tandis que Père aurait préféré te voir sur le trône, mais, pauvre de toi, je t'ai vaincu, et me voila à régner sur mon royaume. Ce royaume qui de toutes façons n'est pas celui de mon père, et qui, de toutes les façons, ne t'aurait jamais été destiné. Crois-tu que j'aurais laissé subsister ton âme tandis que tu m'humiliais, que tu prétendais me vaincre avec tes poings...? Lorsque je regarde les choses en face, je suis, à longueur de temps, entre deux mondes, toi, tu es coupé de ma réalité, dans ton idéalisme médiocre et ta naïveté insupportable. Et tandis que tu regardes des cieux les hommes se battre sur la Terre et les âmes brûler aux Enfers, je ne baisse jamais la tête, moi qui connais les flammes comme les cieux, moi qui accède à cette vérité que tu ignores. Peut-être voyais-tu pousser les arbres, mais tu ignores tout de leurs racines, peut-être voyais-tu les hommes debout, mais tu ignores tout de ce qu'ils cachent, et peut-être voyais-tu voler les oiseaux, je voyais les plantes émaner du sol, spectacle de liberté plus prenant encore que le vol de l'oiseau, déjà vu, vulgaire, médiocre, et inintéressant pour un homme. Puisqu'Icare qui fut le premier à expérimenter le vol de l'oiseau se retrouva le nez dans la Terre, aurait-il fallu que l'on creuse sa tombe avant de comprendre qu'il tomberait de toutes façons ? Et c'est un peu comme toi, je savais que tu tomberais, et pardonne mon mépris, mon orgueil contre toi, mais ta tombe est déjà creusée. Après tout, tu pourrais m'accorder cette faveur, puisque les dieux t'ont accordé la leur... Ta place parmi les Olympiens, soit. Mais ta place parmi les terriens, qu'en fais-tu ? Moi, je te la laisse, ton Hélène, et ton nom gravé dans la pierre, tu devrais me remercier de te sauver de ta crédulité.

 

  L'Animal fier.

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