Les Créatures.

  Pourquoi lui ? Cet abominable monstre... Le manticore, né de la mythologie perse incarne l'homme au corps de lion et à la queue de scorpion. Cet être a la particularité de se fondre parmi les autres animaux, tant parmi les hommes que parmi les lions et les scorpions, pour mieux les dévorer, cela va de soi... Pourquoi cette créature qui hante mes nuits, et pourquoi ce rêve étrange qui vient s'imposer sur le nom de mes pages : "romanticorebelle" ? C'est parce que cette créature a des similarités avec moi-même, comme elle, je cours très vite, et si je n'ai pas la queue, dans l'astrologie, je suis ascendant scorpion. Si je ne mords que lorsqu'on me blesse la patte, je pique dès lors que mes narines respirent un parfum amer... Mais tout de même, je ne dévore pas les hommes, je ne suis pas un monstre. Je peux les mordiller, les lécher, les embrasser, mais pas les dévorer. Peut-être un jour finirais-je par les dévorer, me délecter de leur chair et m'hydrater de leur sang, non, ce serait m'affubler de ridicule ! Quel misanthrope enfin pourrait avec plaisir s'alimenter de son prochain, à son identique ? Aucun ! Toutefois, la misanthropie a ses limites, dans un lit, avec l'être cher et de chair, avec le désir et l'amour les plus intenses, avec la passion la plus jalouse, oui, je crois, il me semble, que je pourrais le dévorer, sans violence aucune, sans même l'idée d'entraîner sa mort. Seulement l'associer au goût de la vie, se régaler de son parfum tendre et vigoureux, s'imprégner sur mon corps de sa douceur et de sa force. Celui-ci, si je devais le dévorer, idéalement, serait un satyre, son visage animal, viril, ses flancs velus, ses sabots puissants et ses oreilles en pointe, et farouchement, son membre intéressant, car si les nymphes s'éprennent des satyres, ce n'est pas pour leur sens de la décadence... Pour cela qu'elles deviennent folles. Le satyre, s'il est extrêmement volage, fait la plupart du temps preuve d'un grand courage, bien qu'il soit souvent hélas l'objet du mépris de ses adversaires, il ne s'entend pour cela qu'avec les siens. Grand poète et excellent amant, il est capable de faire de ce monde un chaos agréable, loin des ténèbres infernales, il s'associe aux forêts et magnifie la nature qu'il encadre. Il est bon et audacieux, si ses idées ne plaisent que très rarement, il est extrêmement créatif, vif d'esprit et de tout à fait bonne compagnie. Suffisamment fort, face au manticore, il détient la victoire. De retour en Perse, accompagné de mon satyre, en Iran, un horrible tyran, Zahhak sème le trouble, avec ses deux têtes de serpent, il charme les passants pour dévorer leurs cerveaux puis se délecter du savoir qu'ils contiennent... Un beau jour, tandis que Zahhak avait dévoré 17 de ses fils, Kaveh se révolta contre le tyran qu'il renversa en appelant les peuples des empires Mède et Perse à la rebellion, le détachant de son domaine, le Mont Damavand, ensemble, ils le vainquirent et regagnèrent leur liberté. Toutes ces créatures existent de nos jours, Zahhak, attaché à sa montagne capitale, allié à ses manticores, ne succombera que parce que nous l'aurons noyé lui et ses dévoreurs d'hommes dans un flot de misère, de beaux satyres sont également parmi nous, rebelles, déjantés mais audacieux, ils apportent à ce monde bien des tourments agréables... Tourments agréables qui font des nymphes folles et jalouses, que nul homme ne saurait combler. Kaveh, quant à lui, existe aujourd'hui encore plus que jamais, contre ces tyrans infâmes, ces menteurs fanatiques qui élèvent les peuples les uns contre les autres pour amasser le gain... Nous sommes tous ces créatures, il faudrait que nous retrouvions nos apparences respectives pour qu'enfin la vérité éclate.

  L'Animal prompt ce jour à la rêverie.